Climatique
J’ai des voisins merveilleux. À droite l’amateur de chats, à gauche une passionnée de fleurs, de roses en particulier. Elle m’interpelle presque chaque jour par-dessus notre haie commune. Nous avons pour habitude d’échanger nos point de vue sur des choses importantes comme le temps qu’il fait ou le prix de l'essence. C’est une gentille dame d’âge mûr, coquette et intelligente. Après m’avoir dit pis que pendre de notre voisin de droite elle prend soudain un air inquiet.
- Le réchauffement climatique vous savez, c’est sérieux me murmure-t-elle, les glaciers fondent, les pôles disparaissent, et ce qui est plus convaincant encore c’est qu’on en parle à longueur de temps à la télé. Mon mari prend cela très au tragique et ne veut plus sortir de la maison, même pour aller faire une course ou promener le chien. Il a peur de se déshydrater au cas où la température augmenterait rapidement, quant à ma fille, elle s’est cloîtrée dans sa chambre d’où elle attend la fin du monde en dévorant des chocolats.
- Foutre Dieu ! je réponds enjoué. Les glaciers fondent et se régénèrent au fil des siècles, ce n’est un secret pour personne et les Vikings ont habité le Groenland vers l’an mille. Ils y cultivaient la vigne, parait-il. Donc il y faisait chaud. Dites à votre époux de ne pas s’en faire et à votre fille d’aller en boîte tous les samedis.
- Oui mais il y a mes roses…
- Ah ?
- Elles se fanent trop vite. J’ai constaté cela, oui. Au moins une journée plus tôt qu’il y a quelques années. Même dans un vase le changement climatique les fait pourrir un jour plus tôt. J’en ai parlé à mon mari qui m’a répondu qu’il se moquait de mes roses et que le vrai problème est la mort apocalyptique des humains à brève échéance.
- En avez-vous parlé à un jardinier, à un cultivateur, à un botaniste, à défaut à un prix Nobel de biologie moléculaire, voire à José Bové ?
- J’en ai parlé à ma fleuriste.
- Qu’a-t-elle dit ?
- Que cultiver son jardin comme le conseil Voltaire est semé d’embuches et d’incertitudes de nos jours. On ne sait quel légume est honnête, on doit apprendre à gérer l’eau, rejeter les engrais, les insecticides… Mais concernant les roses : rien ; elle n’a rien observé de particulier dans sa boutique
- Les rosiers, chère amie, sont des êtres sensibles qu’il faut cultiver avec passion et abnégation, peut-être manquent-ils d’un peu d’amour ? Quelques paroles gentilles le matin « Comment allez-vous ? » par exemple, un « Bonne nuit » au crépuscule accompagné d’un dé à coudre d’eau fraîche, un sourire régulier peut les encourager à fleurir un jour de plus. Essayez et vous m’en direz des nouvelles.
Jean-Bernard Papi©
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