Réflexions sur le « Cloaque comportemental ».
Les expériences de l’éthologue John Calhoun aux États-Unis, effectuées de 1947 à 1958 sur des rats et relatées par l’anthropologue Edward T. Hall (La Dimension cachée chap.3, éd. Du Seuil) ont permis de mettre en évidence ce que l’on a appelé en français cloaque comportemental, en anglais « behavioral sink (puits comportemental) ». Ce terme s’applique aux aberrations grossières de comportement comme aux actions qui leur ont donné naissance. Ce cloaque apparaît lorsque le nombre de rats devient trop élevé dans un lieu donné au point de générer un stress important. Il démontre, entre autres, que le système d’inhibition de l’action ne peut plus jouer convenablement son rôle en raison des effets prolongés du stress dus à la surpopulation (1). Voici quelques comportements observés :
1- Pas de changement chez les mâles dominants, sauf à être plus méfiants.
2- Les mâles passifs se terrent.
3- Les mâles lambda hyperactifs passent leur temps à poursuivre les femelles, souvent à plusieurs pour une seule. Ils omettent les rituels d’accouplement et font durer le plaisir au-delà de l’habituel. Ils envahissent, très souvent en bande, les territoires des autres, transgressant ainsi les règles territoriales établies.
4- Certains mâles refusent les contacts sociaux et partent à l’aventure pendant le sommeil des autres rats.
5- Les mâles pansexuels tentent de monter les mâles comme les femelles.
6- Les femelles ne terminent pratiquement jamais leur nid, mélangent les portées et ne protègent plus les petits qui sont dévorés par les mâles hyperactifs. Les femelles sont les plus touchées par l’établissement du cloaque comportemental et leur taux de mortalité s’élève notablement. Enfin tous les rats se bagarrent indéfiniment sans tenir compte des signaux de soumission.
Calhoun tire de ses expériences un certain nombre de conclusions (2) : En premier lieu que les mœurs sexuelles des rats durant la phase du « cloaque » subissent de fortes altérations avec apparition de pansexualité (pan = tout) et de sadisme. En second lieu, il note l’effondrement des structures sociales (mort spirituelle) avec crise de natalité.
Peut-on transposer ces résultats aux humains? Un cloaque comportemental apparait-il (chez les humains) en cas de surpopulation dans un milieu restreint et plus précisément dans les banlieues à problèmes ou les quartiers dits « difficiles » où tours et HLM forment l'essentiel de l'habitat ? Les jeunes mâles se promènent-ils en bandes provocantes ? Harcèlent-ils les jeunes femelles sous le regard débonnaire des mâles dominants ? Pratiquent-ils la pansexualité et/ou le viol collectif (ou tournante) ? Les jeunes passifs se terrent-ils comme des lâches ? etc.
À première vue une forme de cloaque comportemental, atténué et contenu par la loi, existe bel et bien dans nos sociétés civilisées.(3) Peu connu et peu étudié il est freiné individuellement à grand renfort de psychotropes et collectivement par la justice.
Jean-Bernard Papi ©
(1) Ce système, appelé aussi SIA, a une fonction positive puisqu’il « arrête » l’individu ou l’animal qui se place involontairement en situation dangereuse. Il intervient donc lorsque l’on est soumis à des actions dommageables et/ou sous l’effet du stress.
(2) Voir sur ce site : Téléréalité ou essai sur le cloaque comportemental et Wikipédia
(3) C'est : "L'une des manifestations (de cette « banlieusardisation » des villes de province,) que le politologue Jérôme Fourquet compte parmi les causes de la flambée nationale qu'a connue le pays après la mort du jeune Nahel. Soit une dynamique démographique qui, explique-t-il, pousse depuis une dizaine d'années des « populations modestes ou paupérisées, issues de l'immigration maghrébine ou subsaharienne, dans des villes de très grande périphérie francilienne ou de périphérie lyonnaise »". in Le Point électronique du 24/09/23
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