Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                        Il n'y a de recette de jouvence que le rire.
                       Partageons nos plaisirs. Vous lisez ! J'écris !      

   

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Après des déboires tragicomiques avec mon premier éditeur en 2001 qui m'avait fichu à la porte (1) moi et mon roman après un tirage très limité, j'ai souhaité lui redonner une nouvelle vie. Ce sont les Éditions du Net (http://leseditionsdunet.com) qui ont bien voulu s'en charger. 
Le roman d'un format 120/190 de  275 pages et est mis en vente au prix de 15€.
La commande est à adresser aux Éditions du Net 22 rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes tel 0141020662 ou www.leseditionsdunet.com pour l'édition papier comme pour la version téléchargeable e-pub.
Disponible également sur Amazon, Chapitre, Dilicom et probablement la Fnac
En version téléchargeable e-pub il est en vente sur Apple store et Kindle. (e-pub est lu grâce au logiciel Calibre gratuit par n'importe quel ordinateur)  
(1) J'avais écrit dans un billet d'humeur dans Poésie Première que l'Islam c'était de la merde et comme les palestiniens étaient majoritaires chez cet éditeur je me suis fait virer.

Laurent Bayart a écrit à propos de ce roman :

De la poudre à canon diluée dans les mots pour leur donner la force explosive d'un bâton de dynamite. On retrouve dans ce livre l'ironie, la gouaille, le sens de la dérision, du persiflage, la verve narrative ainsi que la qualité des dialogues qui font la spécificité d'une œuvre qui prend, au fil du temps, de la consistance. Il y a dans ce vaste méli-mélo de la fabrique, comme des parfums d'opéra- comique dans lequel les personnages dansent et chantent, habillés par un Jean-Paul Gaulthier, couturier devenu fou, sur le fil tendu de leur livret.

L.Bayard Poésie Première n°22

Je ne peux faire moins que de vous donner l'avertissement figurant au début du roman et la 4ème de couverture ainsi que les deux premières pages du livre.
    

                                                                                 



 

                      Une petite musique jouée sous la verrière de la Fabrique de Munitions  (2014)

                                                            (Enquête sur la disparition de Napoléon Troche.)  

                                                       Roman plein d'humour et entièrement  policier.

 

                                                    Avertissement.                    

 
   Rien n'est vrai dans ce roman d’une haute teneur morale et irréprochable d’un point de vue développement durable. Les lieux les dates les noms des personnages, tout n’est que fiction, y compris les procédés et méthodes pour obtenir des explosifs. Sage application du Principe de Précaution, nul écrivain digne de ce nom, à part peut-être monsieur Larousse, n'est stupide au point de fournir à ses lecteurs la composition de la poudre noire ou de la nitroglycérine.
   Ce livre est avant tout un roman policier pacifique car si l’on tue, il faut bien vivre, c’est à coups de bilboquet, symbole oh ! combien de l’amour, et à grand renfort de vin blanc breton, liquide très inoffensif en petite quantité mais qui absorbé abondamment devient un puissant inhibiteur du système digestif. Je prie aussi ceux qui croiront se reconnaître dans mes personnages de voir un bon psychiatre avant de téléphoner à leur avocat.
  Je n’irai pas jusqu’à affirmer que la fabrique de munitions Le Serpentin et son personnel n’existent pas quelque part en France ou, pour être plus précis quelque part en Charente. Je vous dois un aveu : c’est en visitant une fonderie de la Défense Nationale des environs d’Angoulême que l’idée de ce roman m’est venue. Á l’époque je souhaitais commencer une collection de canons qui ferait, je l’espérais, beaucoup d’effet dans mon jardinet. Hélas ! Je l’ai bien vu ce jour-là, les canons sont devenus hors de prix.

 4ème de couverture:
 Béranger, un jeune homme de vingt ans va travailler dans la fabrique de munition Le Serpentin afin d'enquêter sur la disparition de son vénéré maître Napoléon Troche. Ce sera l'occasion pour lui de découvrir un monde ubuesque piloté par une ordinatrice (féminin de ...) obsédée sexuelle. Mais son monde va basculer, ses yeux vont s'ouvrir et l'aventurier qu'il était va découvrir l'amour et la vertu. Adieu maître vénéré, famille adorée et turbulente, sa vie ne sera plus tout à fait la même désormais.
                                                  

 
                                                 Les deux premières pages

                                                                                

 Peu avant trois heures de l'après-midi, Bérenger sonna à la porte de service de la fabrique de munitions Le Serpentin, au lieu-dit Rouelle, commune de Saint-Cuffec. Cette porte, un méchant cadre de bois garni de grillage pour poulailler, avait été placée à plus de vingt mètres de l'entrée principale, une imposante grille de fonte, par des architectes soucieux des hiérarchies comme on le lui expliquera plus tard. Cette mise à l’écart ostentatoire et méprisante, car il fallait aussi pour y parvenir piétiner une herbe épaisse et ronceuse où se soulageaient les chiens de Saint-Cuffec, avait pour but de mortifier les quémandeurs avant même qu'ils aient sonné. De toute façon, il n'y avait que ces deux entrées possibles, la fabrique Le Serpentin était entourée sur son périmètre de très hauts murs hérissés de tessons de bouteilles.
   Pour éloigner les journalistes et photographes, gens particulièrement tenaces et prêts à tout pour s’immiscer dans les secrets de la Défense Nationale, une petite pancarte de métal accrochée au grillage les prévenait que celui-ci, après délibérations de la direction, pouvait être parcouru par un courant de 20.000 volts. L'écriture de cette pancarte était très agréable à l’œil et le fond vert pomme du plus bel effet. Après l'avoir lue, Bérenger la redressa d'une pichenette car elle penchait vers la gauche. Une fabrique de munitions ce n'est tout de même pas n'importe quoi et on n'y entre pas comme dans une banque, se dit-il.
    On était au cœur de l'été et il était vêtu d'une chemisette de coton grenat qui portait, brodé sur sa pochette, l'écusson de la Bilboquet Association de Paris (BAP) et d'un pantalon de lin bleu foncé fraîchement repassé. Malgré ses vêtements légers, il suait abondamment et s'essuyait le visage avec une serviette de table en papier ramassé lors d’un repas précédent « Chez Jules » à Chateauroux. Avant de partir pour la fabrique, il s'était chaussé de mocassins de toile blanche achetés l'an passé au Maroc, des mocassins trop blancs, trop nets, trop chers, pour prétendre être embauché, ainsi chaussé comme simple magasinier de basse classe. Une erreur, une sale erreur qu'il allait payer dans pas longtemps, pronostiquait-il. Il déplora de ne pas avoir pris ses vieilles chaussures de tennis et son blue-jean comme il en avait eu l'idée d'abord. C'est Maman qui l'en avait dissuadé. « Tu dois faire bonne impression, avait-elle grondé. Contrairement à ce que tu penses, un magasinier dans une fabrique comme celle-ci, vieille de trois siècles et appartenant à l’État, est propre et soigné, immaculé même comme un chirurgien à l'instant où il quitte l'hôpital. Il y a des traditions, nom d'un chien, chez les artificiers, que même un novice ne peut ignorer ! »
   - Un moment s'il vous plaît, nasilla une voix dans le haut-parleur d'un téléphone encastré dans l'épaisseur du mur, à gauche de la porte grillagée, et au-dessous d'une petite plaquette émaillée de couleur sombre portant la mention : Gardien.
   Bérenger se sentit soulagé, il y avait quelqu'un, un gardien, qui prendrait le temps de l'écouter. Probablement siégeait-il dans cette maisonnette qu'il apercevait à travers le grillage, sur un terre-plein d'herbes roussies. Il ne sera pas nécessaire de revenir plus tard, comme c'est la coutume en général pour une embauche, d'après ce qui se dit à Pôle Emploi. Il examina la construction en attendant que son occupant se manifeste plus carrément. Il avait un petit peu étudié l'architecture avec madame Échelle et il situait la maisonnette vers la fin du 17° siècle, tout comme les bâtiments, des ateliers vraisemblablement, que l'on apercevait plus loin. Même à cette époque, songea-t-il, l'obligation d'un gardien s'était imposée.
   Un écu de très ancienne facture ornait le linteau de porte. Le blason des Montembert, lut-il avec difficulté de son œil pourtant précis et rigoureux de joueur de bilboquet, sur une plaque de cuivre vissée sur le mur. Les grandes fleurs de lys en bronze, privilège royal de la fabrique, avaient été arrachées au moment de la Révolution et fondues pour en faire des piques, expliquait-on encore sur cette plaque. Des piques en bronze ! Ça ne devait pas être facile à manier, même par des révolutionnaires portés par la fureur, se dit-il.
  Il se retourna vers les membres de la bande à Papa, ainsi qu'ils se désignaient entre eux affectueusement, lesquels patientaient à quelques pas derrière lui. Papa, qui affectionnait l'ancienne civilisation athénienne pour sa discipline, préférait l'appeler sa phratrie. Chacun d'eux lui fit, à sa manière, un geste d'encouragement. Maman lui envoya un baiser du bout des doigts ; Papa lui fit un petit signe discret de la tête, fonce mon garçon, semblait-il vouloir lui dire ; l'oncle Gérard agita la main droite mollement comme pour lui signifier son congé ; Marguerite, la fiancée de Gérard, lui cligna de l’œil gauche d'une manière coquine et Suzy, la bonne, exceptionnellement vindicative, brandit son poing dans une exhortation à la lutte des classes.
   Il examina la robe de cotonnade blanche à fleurettes roses et bleues qui moulait le corps juvénile et délicieusement épanoui de Suzy et son regard remonta jusqu'aux yeux gris et pétillant de la jeune fille. Il écrasa une larme, il ne la verrait plus que le soir.
    - Tu ne vas pas en prison, tout de même ! lui cria Gérard.
    - Si, puisque je vais travailler ! répondit le jeune homme.
    - Attend, ils ne t'ont pas encore accepté, marmonna Papa pessimiste.
  Le soleil frappait de dos le petit groupe. Bérenger plissa les yeux. Il tenta d'oublier ce qui l'attendait en se concentrant sur les jambes musclées de Suzy qu'il devinait à travers le tissu. Il les compara à celles de Marguerite, longues et fines sous sa jupe blanche. Il soupira encore, écrasa une seconde larme puérile et fit de nouveau face à l'appareil téléphonique. Une voix bien timbrée et un tantinet métallique, avec un soupçon de féminité cependant, exigea qu'il décline son état civil.
    - Bérenger, répondit-il fermement.
    - Quoi ?
    - C'est mon prénom.
    - Ah bon, nom de famille ?
    - Bérenger.
    - Aussi ?
    - Oui.
    - Né le ?....
  Bérenger répondit au questionnaire avec tout le zèle dont il était capable. Maman et Papa l'aidaient en apportant une précision sur un détail qu'il ignorait, comme le lieu de naissance du trisaïeul maternel, ou la liste de tous les collatéraux mâles des Bérenger jusqu'à la huitième génération. Y compris les Bérenger-Minot, la branche folle, éteinte voici dix ans à Saint-Paul, dans l'Oregon américain.
   - L'établissement de la fiche de renseignements a duré 1 heure et 3 minutes exactement, précisa Gérard, le logisticien de la bande, d'un ton neutre.
                               

 à suivre