Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Sacrée orthographe.

Dimanche 20 Septembre 2015

Sacrée orthographe
 
  On en lit de belles dans les journaux et dans les bandes annonces de la télé, à croire que tous les cancres s’y sont donnés rendez-vous :
1- Une féminisation des mots : Pouah ! Un écrivain féminin devient une auteure ou une écrivaine. Un adjudant féminin (terme requis dans les armées) une adjudante (sur A2), en argot militaire un adjudant est un « juteux ». Cette adjudante sera-t-elle une « juteuse » ? Une dame chargée de rédiger un rapport devient une rapporteure alors que le féminin est rapporteuse, une femme aimant la chasse est une chasseure, alors que l’on devrait écrire chasseuse Et j’en passe. Et pourquoi ne pas masculiniser les mots ? L’orthographe justement deviendrait un orthograph, l’aspirine deviendrait l’aspirin etc.! Et une féministe resterait une imbécile !
2- Un refus systématique de la nouvelle orthographe. En 1999 sort un décret, bien mince et timide,  approuvé par la Francophonie et l’académie, qui modifie l’orthographe de quelques mots en suivant une règle simple liée à l’usage, à la prononciation et au bon sens. Aussitôt levée de boucliers des pédagogues (comme d’hab.) et des mandarins de la littérature (Soler, d’Ormesson etc.). On voulait leur demander d’écrire nénufar (nénufare sans doute pour la femelle) sans son ph. Et bien d’autres incongruités. Pensez  donc : charriot  prenait désormais deux R comme charrette et tous les cuissots, cuisseaux, n’en déplaise à Mérimée, s’écrivaient cuisseaux. On liait certains mots comme contrappel et entretemps.  Ô rage ! on supprimait l’accent circonflexe sur les I et les U comme dans paraître qui devient paraitre, on déplace le tréma sur le son auquel il se rapporte : aigüe et argüer. On supprime ainsi une cinquantaine d’anomalies  et l’on écrit exéma, ognon etc.
Tout ça pour dire que, dans les dictées revenues à la mode, si nos écoliers s’en sortent et émergent de ce cafouillage bien français, c’est qu’ils sont plus doués que leurs aînés, pardon ainés. Alors, madame la ministre mettez de l’ordre dans cette pétaudière, vos élèves vous en seront éternellement reconnaissants. Et devant les Québécois, tabarnaque ! nous ne passerons plus pour des niaiseux !
Dans « L’orthographe pour les nuls » Jean-Joseph  Julaud n’aborde qu’à peine le sujet hélas ! C’était pourtant l’occasion de franchir le pas en attendant les modifications du Robert et du Larousse.
Pour plus d’informations : www.orthographe-recommandee.info
Dernière nouvelle : Madame Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'académie Française nous prie de préciser que cette réformette n'est pas du fait de l'académie. Ce que les textes officiels infirment clairement. Elle se réjouit même qu'elle soit abandonnée. Attitude inqualifiable, et sclérosée, pour des citoyens justement chargés de faire évoluer notre langue.
15/09/2015  Jean-Bernard Papi ©

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