La cave de Hauteroche (2016)
roman de Jean-Bernard Papi
Un roman picaresque. (1) (1) On appelle roman picaresque un récit propre aux aventuriers espagnols (picaros) en vogue du XVIème siècle au XVIIIème siècle. Ici Laurent, le héros du livre, est considéré comme un aventurier cherchant à aménager son destin. Résumé : Pour Laurent, le personnage principal, petit employé dans une usine locale, sa condition d’ouvrier est sans issue. D’être marié et père de deux jeunes enfants ne freine en rien sa volonté de tenter un exploit pour sortir de sa condition sociale et surtout figurer dans le Livre des Records. Il choisit de creuser une cave sous la maison qu’il vient d’acquérir. Cassandre, son épouse, le laisse faire persuadée que cela ne durera pas. De blessures diverses en maladies, Laurent s’épuise dans « ce goulag hauterochois». Ses cousins, propriétaires du bar-épicerie « Á la Maison Carrée » à la sortie de la ville, dans un quartier de « rabouins », afin de l’aider dans son entreprise vont lui prêter Edmond, leur commis un tantinet dérangé qui est également leur esclave, le mot n’est pas trop fort. Edmond au cours de son séjour chez Laurent trouvera le gîte, le couvert et les services de Cassandre à son goût. Pour retrouver sa liberté et retourner chez cette dernière après la mort mystérieuse de Laurent, il égorgera Paulette et Henri, ses patrons. Les voisins du quartier forment des personnages typés. La famille Alarski dont le fils est amoureux de Cassandre, les Lopez dont l’aîné lui fait les yeux doux, les Benarbi dont le père est sacristain et ses deux aînés dealers, Clotilde Mallet belle femme en mal de mari, amoureuse de Laurent, monsieur Pommier représentant en couleurs, seront présents pour fêter toutes les étapes de la cave. Des comparses comme le conseiller Dufournau et son discours, Charlot inspecteur de police chargé des enquêtes après quelques décès suspects autour de la maison de Laurent, feu l’archéologue à la recherche de l’ultime dolmen, le syndicaliste Spoutnik correspondant de la Pravda à Hauteroche, les clients de l’épicerie-bar et Albertine fille d’Henri et de Paulette adolescente amatrice de pineau rouge, etc.
Un journaliste, fil conducteur du texte, va tenter, en interrogeant Cassandre, de comprendre comment Laurent est mort et pourquoi Edmond a assassiné Henri et Paulette.
Ici l'auteur fait se heurter des mondes différents. Celui de Cassandre autour duquel tourne le monde obscur de Laurent, celui des joyeux poivrots clients et propriètaires de "À la Maison Carrée", le monde enfantin du fils Alarsky collectionneur de trains, comme celui de Clotilde prisonnière de son angoisse de vivre seule. Mais un monde domine tous les autres, celui d'Edmond, sorte de pithécanthrope tout droit sorti d'une humanité fossile qui va commettre le pire des crimes sans état d'âme. Mais c'est tout de même la vie qui peine dans ses interractions multiples. 231 pages, 17 euros. En vente sur Amazon, Fnac, Decitre etc
Une critique de Gérard de Cortanze:
"Les phrases mises en exergue par un auteur ne le sont jamais au hazard. Celles qui ouvrent La cave de hauteroche sont au nombre de trois. J'en retiendrai une qui me semble résumer à elle seule tout le livre. Elle est d'Albert Camus et extraite du Mythe de Sisyphe : "J'en vois d'autres qui se font paradoxalement tuer pour des idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions."
De qui s'agit-il ? Imaginez une petite ville de province observée par la caméra cruelle d'un Claude Chabrol. C'est la couleur de ce livre dérangeant. Chacun de nous est appelé à construire pas à pas le sens de sa vie. Ce sens est unique et nul ne peut l'imposer à quiconque. Philosophes et psychologues s'accordent sur un point : il y aurait trois façons de donner du sens à sa vie. La première passe par les relations affectives; la seconde par les pensées, les croyances, les valeurs ; la dernière par l'action. C'est visiblement cette troisième voie qu'a choisi Laurent, petit employé d'une usine de Hauteroche et qui décide un jour de creuser une cave dans la maison qu'il vient d'acquérir. Son projet ? Figurer, grâce à l'ampleur qu'il souhaite donner à son geste, dans le Livre des Records. Projet étrange qui finit par s'ancrer dans le réel lorsque les cousins de Laurent décident pour l'aider dans sa tâche de lui prêter Edmond dont ils ont fait en réalité leur esclave..." Gérard de Cortanze (Journal des écrivains combattants décembre 2017 n° 137)
(De Cortanze est écrivain et critique français qui écrit dans le Figaro Littéraire. Membre de l'académie de Belgique, il préside le jury du prix Jean Monnet attribué à un écrivain européen.) Couverture 4éme de couverture Je dispose de quelques exemplaires de La Cave de Hauteroche. Pour commander : papi.jeanbernard@neuf.fr