La Waffen SS (l'armée SS)
Hitler et Rhöm (SA) 1-Origine de la 2ème guerre mondiale : Le traité de Versailles signé en juin 1919 est rejeté par la population allemande qui ne comprend pas sa brutalité et sa sévérité, le pays n’ayant jamais été ni envahi ni même bombardé. Elle fera un triomphe aux soldats de retour au pays. Les alliés au cours de la seconde guerre mondiale en tireront une leçon : la lassitude de la population et son moral sont aussi importants que la victoire militaire sur le champ de bataille. Ce rejet du traité sera mis à profit par la propagande nazie et favorisera grandement le recrutement au sein de la Waffen SS naissante. Cependant tout le monde n’adhère pas à leur doctrine et les nazis lorsqu’ils participeront aux élections, dans les années précédant la prise de pouvoir d’Hitler, n’obtiendront jamais plus de 43% des voix. Plus tard, au moment de la dénazification de l’Allemagne, les alliés s’emploieront à distinguer les nazis d’opportunité et de nécessité, des nazis fanatiques comme le furent 99% des SS. Le traité de Versailles n’autorisait qu’une armée symbolique de 100.000 hommes, Hitler, en faisant fi du traité, dès sa prise de pouvoir en 1933 va s’employer à réarmer l’Allemagne.
2- Genèse de la Waffen SS
En 1923, ce n'est qu'une simple milice : la Stabswache -ou corps de garde-, chargée du maintien de l’ordre dans les meetings de la NSDAP (Parti Ouvrier National Socialiste), elle se compose d’éléments peu sûrs et de voyous brutaux. Le premier des gardes du corps d’Hitler, Ulrich Graf, est un ancien boucher et lutteur de foire. Les miliciens prêtent serment d’obéissance, portent un semblant d'uniforme (casquette noire, brassard à croix gammée...) et ont pour insigne une tête de mort. Interdite en 1923, la Stabswache renait en 1925. Hitler, devenu chancelier du Reich, développe cette milice et la transforme. D’une part, il impose dans chaque Länder, encadrés par d’anciens militaires, une petite troupe de miliciens armés et bien entrainés chargée de la propagande nazie, ce sont la Stosstrupp Adolph Hitler connue sous le nom de Schutzstaffels (escouades de protection) abrégées en SS. D'autre part, il crée une garde personnelle : la Leibstandarte (Etendard ou drapeau chéri) de quelques centaines d’hommes triés sur le volet qui deviendra en 1939 la division SS Leibstandarte Adolph Hitler forte de 20.000 hommes. C’est la première formation en date de la Waffen SS.
Heinrich Himmler est l'un des premiers à entrer dans la SS (Matricule 168) (Photo ci-dessous) (1), filleul du prince Heinrich de Bavière, il est ingénieur agronome à 21 ans. Devenu Reichfürer SS le 6 janvier 1929, ou chef suprême des SS, il fonde, sur des critères de race, le Schwarze Korps : Le Corps noir (ou l'Ordre noir), extension politique et militaire de la Schutzstaffel (SS) et noyau dur de la future race des seigneurs. Seulement 2000 individus appartiennent à l’Ordre Noir en 1930, ils seront 210.000 en 1936. « Un membre de la SS, dit-il, doit être honnête, convenable, fidèle et bon camarade envers ses compatriotes mais pas envers les représentant des autres pays. Le destin d’un Russe, d’un Tchèque ne l’intéresse pas… » La SS comprend désormais :
- Une police politique (ou Gestapo), une police criminelle ou Kripo.
- Un service de renseignement et de sécurité (RSHA) dont le réseau d’espionnage intérieur et extérieur (la SD) est dirigé par Heydrich puis par Ernst Kaltenbrunner.
- L’organisation extérieure des camps de concentration et le service de la "race" avec pour objet l'amélioration de la race des futurs maîtres de l'Europe pour 1.000 ans.
- Une armée, la Waffen SS officiellement fondée le 2 mars 1940.
- Un parti dans le parti l’Allgemeine SS (la SS Générale ou Universelle).
Au début les volontaires pour servir dans la Waffen SS doivent prouver leur « aryenneté » depuis au moins l'an 1800, mesurer 1,74 m minimum et être de bons nazis. Pas moins de 7 attestations différentes sont exigées (cf Jean-Luc Leleu) : Moralité, santé, scolarité, antécédents généalogiques, certificat d’employeur, casiert judiciaire etc. 3- La Waffen SS, mission et composition : Le corps de garde (Stabswache), devenu l’Escouade de protection (Schutzstaffel), avait initialement pour mission de faire régner l’ordre nazi sur les territoires conquis par l'armée nationale allemande, la Wehrmacht. Tout naturellement, et progressivement, la waffen SS en vint à prêter mains forte à cette dernière en particulier pendant la campagne de Russie. On appelait les SS "les pompiers d’Hitler" parce qu’ils tentaient de sauver ce qui était en passe d’être détruit ou perdu. (ci-contre la garde d'honneur de la Leibstandarte)
Waffen SS, Wehrmacht (et fonctionnaires civils) prêtent serment à Hitler, et non à l’État Allemand, devant le drapeau, deux doigts de la main droite levés : « Je te jure, Adolph Hitler, Führer germanique et réformateur de l’Europe d’être fidèle et brave. Je jure de t’obéir à toi et aux chefs que tu m’auras désigné jusqu’à la mort. Que Dieu me vienne en aide. »
Les soldats de la Waffen SS, ou hommes du rang pour employer une terminologie moderne, sont issus des jeunesses hitlériennes et pour 90% sont des paysans volontaires qui y voient la possibilité d’une promotion sociale pour peu qu’ils se montrent courageux, purs et impitoyables. Citadins et bourgeois sont en proportions infimes. À l’intérieur des unités, entre officiers, sous-officiers et soldats règne une camaraderie virile qui n’exclue pas l’obéissance absolue. Tous suivent un entrainement physique très dur, pratiquent les sports de combat et les manœuvres sur le terrain avec tirs à balles réelles. L’endoctrinement politique y est aussi important que la formation militaire. Himmler veut une armée qui gagne « sur les champs de bataille le droit d’être les maîtres ». Les maîtres dans un Reich nazi de 1000 ans. « Dans une guerre idéologique, dit-il c’est un grand honneur de servir dans un corps national socialiste. » Au début de la guerre, le recrutement de la Waffen SS ne va pas sans heurts avec le commandement de la Wehrmacht qui de son côté mobilise tous les jeunes hommes en état de porter les armes. Himmler engagera donc des « Allemands ethniques » : Autrichiens, puis Sudètes, Silésiens, Luxembourgeois et Alsaciens au fur et à mesure de l’expansion du Reich. Déjà, bien avant la guerre il avait recruté Américains, Suédois et Suisses alémaniques pour peu qu’ils satisfassent aux normes exigées par l’Ordre Noir. Notamment un chirurgien suisse du nom de Riedweg qui deviendra le responsable du "Bureau Germanique", rouage essentiel dans l’internationalisation de la Waffen SS. Des Français déserteurs (de l'armée française) les rejoindront dès le début de la guerre. Le bataillon SS Heimwehr-Danzig en 1938 fut la première formation de combat à comporter une majorité de personnel non allemand d’origine.
Au fur et à mesure du déroulement des opérations militaires et avec les premières défaites allemandes, la Waffen SS sera moins exigeante sur les critères de sélection et se satisfera « de type germaniques » pourvu qu’ils soient nazis et volontaires. « Tandis que le reste du Corps Noir n’en continue pas moins son existence fantastique (et fantasque) semée de morts de plus en plus nombreux. Hitler et son bras séculier Himmler, poussés par leurs voix intérieures poursuivent leurs actions politico-mystiques aux confins de la magie et de la criminalité… » Écrit André Brissaud dans l’Encyclopédie Universalis 2012.
L’armement de la Waffen SS est grosso modo celui de la Wehrmacht, pistolet mitrailleur Schmeisser, grenades à manche (le fameux presse-purée), Fusils Mauser, mitrailleuse MG40 etc. La composition des unités fluctuent selon le recrutement et les pertes. Á titre d’exemple la Panzer-division SS Das Reich en 1944 est théoriquement composée de 19.000 hommes soit :
- deux régiments de fantassins grenadiers (Deutchland et der Führer),
- les servants des 300 Chars Panther et Tigres (2.000 hommes),
- de l’artillerie, de la DCA, d'un groupe antichar propulsé, de lance-roquettes, de canons d’assauts.
- d'un Groupe de reconnaissance, du Génie, des transmission, de Troupes de remplacement et des 500 hommes du Quartier Général du général de division Heinz Lammerding.
Leur uniforme de parade est noir (Dessiné par Hugo Boss) et leur tenue de combat « vert petit pois » et bottes courtes. Ils portent le brassard à croix gammée et les runes SS sur le col de vareuse, un calot ou le casque d’acier.
À partir de 100.000 hommes en 1940 (Discours du Reichstag par Hitler à la suite de la campagne de France), à la fin de la guerre les effectifs de la Waffen SS seront d’un million d’européens et de 50.000 asiates, Turkmènes, Tatars, Uzbek, Indiens et Arabes, tous issus de 30 nations. Les pertes totales furent estimées à 350.000 morts. À la fin de la guerre, la Waffen SS compte 38 divisions dont :
- 18 allemandes: Das Reich, Leibstandarte ou LSSAH, Polizei, Prinz Eugen, Totenkopft, etc. ;
- 2 scandinaves : Viking et Nordland ;
- 2 belges : Langemark et Wallonie cette dernière commandée par Léon Degrelle ;
- 6 slaves et centraux dont Handschar et Kama (Musulmanes);
- 3 baltes ;
- 2 néerlandaises : Lederland et Nederland ;
- 1 française : la division Charlemagne forte de 10.000 hommes, qui sera la dernière troupe SS à se rendre. Une trentaine de SS français mettront plus de 60 chars russes hors de combat en défendant le bunker d’Hitler. Répartis dans toutes les unités on estime à 30.000 le nombre des Français qui combattront dans la Waffen SS sans compter ceux de la Gestapo et de la police.
Les divisions Handschar composée de volontaire musulmans bosniaque, et Kama composée d’albanais musulmans et de Croates bénéficient du soutien de Amin Al-Husseini, mufti de Jérusalem qui s’emploi à mener « le Djihad made in Germany ». Appuyé par le IIIème Reich il espère ainsi «embraser la région à partir de la Syrie » et stopper l’arrivée des Juifs en Palestine suite à la décision Balfour en 1917. Ajoutons deux bandes de tueurs responsables d’horreurs sans nom notamment à Varsovie, ce sont les 6500 Russes et Ukrainiens de la brigade Kaminski et de la brigade Dirlewanger elle-même formée de repris de justice (environ 1064 hommes). Ajoutons les 966 « volontaires » communistes russes qui furent incorporés à la SS à l’automne 1943.
Une partie de la division SS Totenkopf (Tête de mort) dirigée par Théodore Eicke administre le millier de camps de concentration et la dizaine de camps d’extermination inclus dans les camps de concentrations les plus importants. SS Totenkopf participa activement à la mise à mort d’un million de civils Juif et de communistes à l’arme à feu en Pologne et en Ukraine avec les groupes de l’Einsatzgruppen (unité spéciale d'extermination formés de policiers et de volontaires SS), ce que l’on appellera la Shoa par balles(2).
Les SS dirigèrent et gérèrent la création des camps d'extermination dont les produits létal, Zyclon B et A, à base d'acide cyanidrique étaient fournis par l'IG Farben.
à suivre,