Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                        Il n'y a de recette de jouvence que le rire.
                       Partageons nos plaisirs. Vous lisez ! J'écris !      

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                                                     Balades insolites.
               Poésies en prose de Jean-Bernard papi
                                           Aquarelles de Christiane Massonnet
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                                                                                                                           (2007)          


                                  Ouvrage  récompensé par l'académie de Saintonge : 
 
    
Rapport de Michel Danglade de l'académie de Saintonge (2008) :
  Comme on ne lui a offert que peu de pages, ce livre va vite et Christiane Massonnet lui court après, sautillant de village en village en fraiches aquarelles primesautières. Elle tente bien, à quelques reprises de nous assombrir par un ciel d’orage. Mais ce n’est guère terrifiant : juste une jeune averse qui trépigne d’impatience. Le soleil cache un petit sourire compréhensif, se glisse derrière un nuage pour lui laisser passer son caprice et revient sécher la haie qui s’ébroue.
  Quel regret que soit si mince ce livre où Jean-Bernard Papi, avec un merveilleux bonheur d’écriture pourléché de sensibilité gourmande, nous invite à traverser ces Charentes où sommeillent les heures. Ce livre ne laisse pas assez de temps pour rebondir au caillou qu’il jette dans la fontaine, pour flâner dans ces petits potagers de poètes dont il sait ouvrir les portes, pour se glisser sur la pointe des pieds dans ces églises de villages usés où de sourdes orgues invisibles murmurent dans la pénombre, avant de trouver un temps qui nous est compté pour s’attarder au bistrot. Quand arriverons-nous ?
  Question de la dernière page qui nous fit arriver trop vite, impatients que l’auteur nous ouvre bientôt un nouveau parcours.


                              


              

 
 
 
Edité par Le Croît Vif en 2007;  20€ 


4ème de couverture:
Se promener le long de la vallée de la Charente. Visiter des villages singuliers loin des itinéraires des touristes. Rêver au bord du fleuve. Connaître l'intimité, le côté pudique et caché des villes et villages Voilà ce que vous rencontrerez au fur et à mesure de votre lecture, voilà ce que vous pourrez admirer dans les aquarelles de Christiane Massonnet qui illustrent et complètent chacun des sites.
L'un comme l'autre nous avons crée une oeuvre impressionniste, faite de premières intuitions, d'émotions violentes et de partage. Certes l''écrivain et l'aquarelliste ne voient pas les mêmes choses et c'est tant mieux, leur travail n'en est que plus original. Ces 34 itinéraires séduiront autant le flâneur que l'amateur d'excursions. Chez l'un comme l'autre ils réveilleront des désirs d'évasion et le besoin de faire une pause.     

 Quelques pages :
                                                         
                                                                  



Texte et aquarelle sur Taillebourg. (Charente Maritime) pages 40-41.
 

Aquarelle Balades insolites   
   Il faut venir de Saint-Savinien, sur la fin d'un après-midi d'automne pour découvrir, comme une toile peinte accrochée au couchant, les hauts murs de Taillebourg. Le vieux pont, qui n'enjambe qu'une prairie trop grasse ensemencée de joncs, est là pour vous avertir : Ce village pourrait n'être qu'un décor pour le théâtre de Mickey. Cependant quelle suavité pour l’œil que ces verticales beiges qui remplissent l'horizon d'une calme gravure ! Quels repos l'on pressent derrière ces murs abstraits, si vides de machines ! Quels apéritifs anisés attendent dans cette ombre tiède secrétée par la pierraille sur laquelle somnole le lézard ? Peut-être devrai-je aller plus haut encore, dans ces jardins invisibles où l'eau peine à abreuver ces arbres nés entre deux portes, entre deux toits de tuiles claires, visiter ces potagers, ces clos, qui résonnent de l'éclat métallique et vivant d'une bêche que l'on racle.
 
 L'instant est celui où cessent les travaux et où se fige davantage le temps terrien ancré à cette falaise. 
Mais la route plie le voyageur à son humeur et vous ne pouvez qu'espérer au pied de l'impraticable roc. Elle vous pousse vers la Charente, comme un indésirable vers la sortie, et le fleuve patient vous y attend. Me voici maintenant faisant le pied de grue à deux pas d'un pêcheur que l'odeur de vase endort. Et là, près de ce témoin muet et assoupi, près de cette obscurité de l'eau, je discerne crûment les anneaux de fer où ne viendront plus jamais s'amarrer les gabares à cognac. Alors pour calmer une pensée qui se dévide, le bonheur d'une bière fraîche me grimpe aux jambes. Je ne peux que m’asseoir, comme les autres, et songer, dans l'oubli d'une buvette où bourdonnent les guêpes, à ces villages d'Afrique où sommeillent les heures.                                                        

                                                                                       

 
Les bords de la Charente à Saint Savinien ( Charente Maritime)  pages 26-27                        

  
  
Venant de Surgères, à la sortie d'un virage, devant les quais bordés de marronniers on a la révélation de ce que le primitif en nous, attend : La présence d'une eau paisible à sa mesure. Car la Charente est ici de cette largeur heureuse qui permet au regard de saisir sans efforts les détails de la rive opposée. L'étendue calme de ses eaux procure ce plaisir fait de sérénité et de retour sur soi que les peintres paysagistes ont de toujours cherché à faire partager 
  Et ceux qui ont dressé ce décor touffu de maisons au ras de l'eau ne s'y sont pas trompés. Certes on ne puise plus à même le fleuve et cette proximité est désormais bien inutile. Mais, malgré leur décrépitude, elles allument encore en moi des rappels de batellerie et de pêcheurs de perles. Et, quand le soleil couchant barbouille de rose leurs hauts murs fatigués, dans les jeux crépusculaires je crois voir se balancer les gréements d’un quelconque vaisseau fantôme.
Bord de Charente

Alors je me demande, pour la centième fois, où se trouve, dans les murs de ce Saint Savinien d’aujourd’hui, l'auberge du bord de l'eau que j'habitais dans mes songes. Où se cache la chambre au papier fleuri de mauve et son édredon rouge d'où au matin j'entendais, comme une énorme et tranquille bête, laper doucement la Charente. L'air chargé d'un bruit vague de barcasse qui tire sur sa chaîne et d'automobile qui s'enfuit, m'invitait par une fenêtre entrebâillée à descendre pour une promenade par les rues étroites. Rasant les vieux murs des ruelles glacées d'ombre, parfois accompagné d'un chat gras qui me regardait amoureusement, j’allais par un sentier dominant les toits dépenaillés jusque chez la marchande de journaux-tabac avant de revenir, un livre à la main, encore et toujours m'asseoir au bord du fleuve.
En attendant je ne sais quelle aventure, je me laissais, comme un bateau qui dérive, lentement entraîner vers les marais proches, étourdi par l'odeur de la vase et des herbes aquatiques.
 

                                                                                                   

Le temps qu'il fait chez nous...  page 38                                                                                 
Aquarelle le temps qu`il fait chez nous

  Le temps qu'il fait chez nous ? Celui qui ne comprend pas la pluie ne peut admettre le soleil. Complémentaire n'est rien, c'est d'une même et seule entité qu'il faut parler. Chez nous, le soleil n'est qu'un espoir de pluie et la pluie une attente de soleil. C'est à cette dualité que l'on doit notre lumière si profonde, chargée d'ombre et à la fois si cristalline que l’œil en est tout chaviré de contentement charnel. Seul le vent n'est pas de notre famille. C'est le trouble fête, l'amant jaloux, la maîtresse bafouée, mais quand le bonheur de vivre mène le jeu, qu'importe.

 
                                                              
                                   

Fenioux (Charente maritime)  page 18                                    
 
  Fenioux est une épave échouée au cœur d'un bois. Des êtres gris, encombrés d'un savoir obscur et ténébreux, vous regardent marcher vers eux en laissant filer sur leur menton une salive étonnée. C'est que l'hiver y est réservé aux rats, aux êtres déchus et faibles et aux corbeaux criards. Vous n'avez pas votre place dans ce monde lunaire. Fenioux est une extrémité de planète morte, un vieux bateau-phare qui n'éclaire plus qu'un petit bout de route ; lieu ultime où le voyageur transi et ennuyé secoue ses lourdes chaussures encombrées de glaise.
  Pourtant, il n'est pas là par hasard ce voyageur. Il a guetté depuis longtemps le feu de cette lanterne, haute et lourde comme un menhir, qui se dresse à deux pas de l'église chiffonnée et plus jaune qu'un vieux morceau de lard. Mais aucune lueur terrestre ne brille aujourd'hui au faîte de l'escalier étroit comme une promesse de ciel.
  Pourtant le voyageur connaît la lanterne comme on reconnaît son rêve et il marche vers elle en cherchant dans sa mémoire en quels temps lointains et cruels, elle a allumé pour lui le premier de ses feux.

                                                                  


Rochefort page  36
    Rien n'est plus plaisant que de s'asseoir à la terrasse du "Comptoir des îles". Ce petit bar occupe un angle de la place Colbert, à Rochefort. Il suffit qu'un bout de soleil, même des plus pâles, se promène sur les maisons alentour pour que l'on s'y sente "benaize". L'on est alors assis, dans cette aire carrée enclose de murs, aussi tranquille qu'un moine dans son couvent.
  Je la crois espagnole, cette place, par les façades nettes, sévères et pourtant gracieuses de ses hôtels vieux de trois siècles. Mais rien n'est dû au hasard. Toutes les fenêtres regardent, du haut de leur aristocratique beauté, ce coeur palpitant où le peuple venait puiser l'eau, se donner ou se vendre et où, le dimanche, les régiments d'infanterie coloniale paradaient de pied ferme. Aussi l'église, qui montre au-dessus des toits le bout de son clocher, se tient en retrait de ce lieu de vigueur et de puissance. La fortune et la gloire militaire d'abord ! Rochefort rassembla ici ses forces avant de lancer ses navires à la conquête du monde. Même Loti l'orgueilleux n'osa pas s'y loge
r.
 Et ainsi de suite.

L'éditeur ayant cessé toute activité je dispose encore de quelques livres pour les amateurs (papi.jeanbernard@neuf.fr)