afin de célébrer notre messe d'amour l'amant maladroit, la novice maîtresse
l'un pataugeait dans ses baisers balourds
l'autre s'effrayait de ses inattendues hardiesses.
Souvent, aux bruits de la maison
nous sursautions, la crainte d'être surpris.
Nue, tu courais du lit à la cloison
pour écouter au corridor siffler les vents coulis.
Si ma mère survenait... malheur à nous, disais-tu
alors l'effroi emballait nos ardeurs
multipliant les caresses imprévues.
Ce fut le temps des immenses splendeurs.
Le soir venant, au foyer, enfants sages
l'air innocent de deux séminaristes
près d'un phono rapprochant nos visages,
nous écoutions passer le Rêve d'Amour de Liszt. Inceste.
La blonde dans la rue marche comme ma mère.
Jeune, elle allait ainsi la poitrine tendue
la fesse, ô Dieu ! Pour tous c’était l’étoile polaire
vêtue comme une fée et si belle dévêtue.
Combien l’ont suivie juste pour caresser un sein
ou pour une étreinte au coin d’une rue noire ?
J’ai flairé tant et tant d’hommes aux virils parfums
qu’auprès d’elle je planais de Chine à Zanzibar
Quand s’étiolait son corps en douloureux veuvages
elle murmurait alors : Viens mon petit garçon !
Je m’appropriais sa couche pour un tendre voyage
vautré sur sa peau nue je suçais ses tétons
Hélas ! La morale réprouve le bonheur dans l’inceste.
C’aurait pu être un autre, ou encore son caniche
n’étant pas le fourbe qui renie l'insupportable geste
j’ose le dire : Jamais ne montais si ardente pouliche.
© Jean-Bernard Papi
à suivre,