Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète
La littérature est un art de combat.
Croquis des saisons et des voyages
L'hiver (suite)
XX
Mon ami se meurt dans une maison maigre et laide d'une rue toute droite d'un quartier de labeur aux jardins identiques, aux façades semblables aux portes murées sur des chambres où l'on décède tragiquement d'ennui.
Mon vieil ami se meurt dans une ville froide à mille autres comparables dans une rue à chiens, à vieux, à crottes et à pipis d'un cancer à vapeur.
Mon ami se meurt sur son matelas Epéda dans une carrée Lévitan près d'un calendrier des Postes françaises sous la photo d'un très beau plat de fraises Il écoute un disque de Jacques Hélian. C'était le bon temps qu'il dit. Et il crève.
XXI
Dans ma rue toute fourbie de machines et de choses d'industrie on ne voit pas le temps passer et c'est dommage. Il faut chercher ailleurs, dit Hermeline le soleil n'est pas au bout des antennes ! (Comme si la télé était une fourmi !)
Chacun fait comme il l'entend mais moi je lis les arbres et même le bois coupé la fleur en pot, en vase, je tonds, je sème je regarde les nuages je dors les pieds au vent. Je dis aux chasseurs, chassez vous savez plus de choses que cent savants enfermés à Paris.
Que celui qui aime la chimie soit chimiste que l'aviateur ait son avion, le pistard sa piste mais quoi qu'on fasse au gouvernement on ne supprimera pas nos quatre saisons.