L'arbre mort. Peinture de Louis Augustin Auguin. L-A Auguin : L'arbre mort.
L-A Auguin : Les dunes de Montalivet
Le tableau à gauche de Louis Augustin Auguin (1824-1904) s’intitule « L’arbre mort », il représente un arbre sec dans les dunes de Montalivet (33) peint vers la fin de sa vie, probablement en 1902/1903. Si je propose ce tableau c'est qu'il tranche fortement avec la peinture habituelle d'Auguin qui est naturaliste et figurative. On peut penser que l'artiste avait eu vent des travaux des impresssionniste et que cette toile fait la charnière entre ses travaux passés et cette nouvelle manière de peindre et de ressentir. Ce tableau d'un vieil homme fatigué est mélancolique à souhait. À rapprocher de son tableau "Les Dunes de Montalivet" (à droite) exubérantes et pleines de vie probablement peintes au même endroit quelques années plus tôt.
Le marchand qui à vendu cette toile prétendait qu’elle était la dernière œuvre d’Auguin. En très mauvais état, elle avait été perforée en deux endroits et remisée dans un grenier avant d’être vendue par des héritiers que cette peinture mélancolique rebutait. Le titre même « L’arbre mort » et la manière dont il a été peint, semble donner raison au marchand.
Le tableau est partagé en deux par une horizontale, qui fait la part belle à la terre, refuge des corps défunts, et le vaste ciel, hypothétique demeure des âmes. Un sentier, parti de l’arbre mort qui gesticule vainement de ses bras noueux et secs en une sorte de prière, se dirige entre les dunes vers une petite langue de mer d’un bleu à peine plus foncée que le ciel. Purgatoire houleux ? Symbole de la vie qui grouille dans ses eaux ?
La tristesse de cette toile est perceptible dans le choix des teintes du sol, variantes de bruns et de jaune, dans les bleus d’un ciel tourmenté et nuageux qui inspire le doute dans son opacité même. Dans la partie « terrestre » l’arbre mort au premier plan, dans son délabrement donne à voir une fin de vie douloureuse. Pourtant un rayon de lumière éclaire au premier plan le sable d’une tonalité dorée car rien n’est perdu tant que subsiste un souffle de vie. Dernier regard du peintre sur cette nature qu’il a tant aimé et peinte ? Je serais tenté de le croire.
Louis-Augustin Auguin est né à Rochefort-sur-mer en 1824. Il fut d'abord l'élève de son père, en 1840 et 1841 il expose à la Société d'Agriculture des Arts et des Sciences et le maire fit voter une aide exeptionnelle afin qu'il puisse étudier à Paris chez Jules Coignet et chez Corot. Il peint "sur le site", c'est à dire qu'il installe son chevalet en plein air devant le paysage, une nouveauté à l'époque. Le critique Jules Castagnary donne une définition du naturalisme qui inspira Auguin, Courbet, Corot etc. Le beau est dans la nature, écrit-il, et se rencontre dans la réalité sous les formes les plus diverses... Le beau donné par la nature est supérieur à toutes les conventions de l'artiste. En juin 1862 chez Baudry à Saintes, il rencontre Courbet et ce sera le début d'une amitié et d'un travail collectif intense avec les bords de la Charente, à Port-Berteaux, en toile de fond.
Auguin fut un élève de Jules Coignet. Ses premières expositions, à partir de 1846 eurent un tel succès qu’il put, en vendant ses toiles subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Fuyant Paris pour des raisons politiques, il revint à partir de 1860 s’installer près de Saintes (17) plus précisément à Port Berteau, au bord de la Charente. Il y sera rejoint par Gustave Courbet* qui demeurera à Saintes durant un an, avec de fréquents passages de Corot, Français et d’Aubigny. Une exposition collective Auguin-Courbet-Corot–Pradelle en 1863 à Saintes, rencontra un vif succès. Après ces années de fructueuse création il s’installe à Bordeaux où il ouvre un atelier. Il y peindra, toujours avec le même succès, entre autres tableaux, des bords de mer, dont cet « arbre mort ».
Jean-Bernard Papi ©
* Voir : Gustave Courbet en Saintonge de Roger Bonniot. Edition librairie Klincksieck et La Saintonge Littéraire N° 72 l'article de Philippe Ravon.
Portrait de L-A Auguin par
Gustave Courbet (1862) (Musée d'Ornans)
Bord de mer plume et encre L-A Auguin (Musée du Louvre)
Bord de Charente L-A Auguin
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