le sacré et le profane.

Le sacré et le profane.
 
  Dans « Le sacré et le profane » (Folio essais. Gallimard1965) Mircea Eliade (1907-1986), philosophe et professeur d’Histoire des religions, démontre qu’il existe, chez un croyant peu éduqué, deux temps : le temps profane et le temps sacré. Le temps profane est celui dans lequel s’accomplissent les tâches quotidiennes de la vie courante. Le temps sacré, même s’il est occupé par des tâches ordinaires est placé sous le signe de la divinité. Messes, processions, vénération des reliques en religion chrétienne, placent d’emblée le croyant dans le temps du sacré. Ceux qui ont assisté aux processions nocturnes chantées autour de la grotte de Sainte Bernadette à Lourdes n’ont pu que remarquer quel singulier rayonnement émanait de certains visages des processionnaires.  Même si le fait de marcher le long de ce circuit pédestre sans grâce est tout à fait banal. Ces gens étaient alors pleinement dans le temps du sacré.
   Le fait d’invoquer Allah, à l’instant où les terroristes islamistes assassinent leurs victimes, les place d’emblée dans le temps du sacré et leur rapport à la réalité en est tout à fait changé. Même si certains sont drogués, ce qui peut atténuer leurs réactions, le temps du sacré les transfigure et les propulse dans le temps propre à la divinité. C'est-à-dire hors du temps humain. Joignez à cela l’étrange exaltation et le sentiment de puissance que procure une arme à feu lorsque, prête à servir, elle parait être le prolongement servile de votre volonté, et de votre virilité, et vous aurez une image de ce ressent le terroriste au moment de tuer.
Jean-Bernard Papi © 01/2016
  

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