Affaire Matzneff
On déboulonne la statue de Monsieur Matzneff, écrivain. On la déboulonne parce qu’il est devenu vieux et moche et qu’une dame, Vanessa Springora, une trentaine d’années après les faits, a cisaillé les premiers boulons en révélant ses turpitudes, qui passaient à l’époque d’Apostrophe pour presque normales. Je ne rappellerai pas les faits en question, ils sont maintenant dans le domaine public. La vague de puritanisme qui envahit le monde occidental, Etats Unis et France, avec procès et force proclamations médiatiques, concerne le cul, exclusivement le cul et nous n’y échapperons pas. Et quel châtiment attend l’immoraliste Monsieur Matzneff ?
Si j’en crois Olivier Milot (Télérama des 8 et 9/01/20) :
- 1/ Le parquet ouvre une enquête pour « Viol sur mineur ». Logique. RAS ; En France la majorité sexuelle est fixée à 15 ans. La majorité civile à 18 ans.
-2/ Gallimard arrête la publication du Journal de Matzneff que l’éditeur publiait depuis 1990. Argument : « La souffrance de Madame Vanessa Springora… ». Très bien, et la souffrance de Matzneff aujourd’hui ? Une attitude que souligne le Rapport Racine ( L'auteur et lacte de création 01/20) concernant le mépris dont est victime le créateur-auteur de la part des entrprise aval : éditeur, diffuseur, libraire
- 3/ Le Centre National du Livre (CNL) projette de supprimer les 6 000€ annuel qu’il lui attribuait au titre de l’âge et de la débine. 6000€ par an, une fortune qui permet de s’offrir quelques boites de sardines à l’huile plusieurs fois par semaine et un verre de vin rouge à chaque repas. 14 écrivains bénéficient de cette manne, 10 hommes et quatre femmes âgés de 72 à 96 ans. (1)
-4/ Le ministre de la culture pour n’être pas en reste, envisage de reconsidérer l’attribution de la médaille d’officier dans l’ordre National du Mérite et de la médaille d’officier des Arts et Lettres qui furent remises à Gabriel Matzneff respectivement en 1995 et 1998.
-5/ J’ai gardé pour la fin ce que je n’attendais pas d’un canard qui fustige « la justice de meute » ; Le Point donc, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dès le 5 janvier a arrêté sa collaboration avec Gabriel Matzneff dont les textes étaient pourtant rares. « La tête du coupable, écrit Sébastien Le Fol justement dans le n° 2472 du Point daté du 9/01/20, est disposée sur un plateau virtuel. On se succède pour la lapider. Comme si ce rituel était une manière, pour chaque accusateur, d’exhiber sa vertu. »
Emportés par leur « fureur morale » (Bronner), Gallimard, le CNL, Le Point, n’attendront pas les conclusions de la justice. Matzneff est coupable forcément coupable. Et chacun veut grimper sur le podium du meilleur sycophante. Il était bien peinard dans son coin avant que ne sorte le livre de Springora, avant que brusquement, brutalement le destin frappe les trois coups de la tragédie. Tremblez donc bonnes gens sur les réseaux sociaux, si vous avez comme tout le monde un cadavre plus ou moins frais dans votre placard, tremblez qu’un autre ne vous l’exhibe sur la place publique, face aux lapidateurs.
(1) Les écrivains ne touchent pas de retraite, si j'en crois Tahar ben Jelloun.
Jean-Bernard Papi©Partagez sur les réseaux sociaux
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