Jargon
Je dois à Vicky Chahine (Le Point.fr du 26/02/21) la description délicieuse, branchée et pince- sans- rire de la boutique de mode Kith inaugurée ces temps derniers à Paris. Description dans un langage très up to date (à jour) pour snobs et bobos que je traduis dans un français de tous les jours pour prolos, ploucs et habitués du Café du commerce. Il y est question de hoodies (sweat à capuche) très class, de baskets au potentiel collector (baskets pour collectionneurs (sic)) de bagels (beignets) aussi bon qu’à New York, de pièces de luxe vintage (d’origine) et des drops (gouttes ?) ou basket en éditions limitées et enfin de streetwear (vêtement pour porter dans la rue, donc pas de pyjama en vente) sur des portants où Saint Laurent côtoie Stone Island (ile de pierre). Tout ça chez Kith dans un merchandising (marchandisage) étudié et de bon goût.
Bernard Quiriny pour sa part, décrit, toujours dans Le Point.fr du 26/02/21, la langue écrite des islamo-gauchistes et décoloniaux à qui il reconnait un mérite, un seul, « celui d’avoir inventé un jargon, un charabia pédantesque et figé, plein d’expressions toutes faites et creuses qui rappelle la logorrhée fanée des anciennes revues marxistes : rapports de genre, approche intersectionnelle, personne racisée ». Il y voit une nouvelle forme de poésie en prose, « les plus beaux textes poétiques de la langue française écrits ces temps- ci » dans un langage qui ne veut rien dire scientifiquement mais qui chante aux oreilles un peu comme l’écriture automatique des surréalistes. « Pour peu, ajoute Quiriny que ce soit écrit en inclusif avec des point médians, ça devient presque sublime ».
Un sondage réalisé par l’IFOP, en février dernier pour
L’Express, révèle que ces nouvelles notions restent inconnues pour la majorité des Français. Pas fous les Français ! Seuls respectivement 6 %, 9 % et 11 % des sondés comprennent des formules comme la pensée
woke (éveillée), l’intersectionnalité des luttes ou la
cancel culture. 34 % des sondés ne voient pas à quoi se rapporte l’écriture inclusive, 58 % n’ont jamais entendu parler de la pensée décoloniale et 67 % des luttes en non-mixité. (Boulevard Voltaire du 5/03/21)
Une bonne nouvelle cependant : l’écriture inclusive va briller sous peu de ses derniers feux de bengale. Fin de partie. C’est vrai, la langue française est difficile mais est-ce une raison pour la compliquer inutilement ? Prenons l’exemple de la féminisation des mots par l’absurde, une spécialité de Courrier International et de ses traducteurs. Une « auteure » est agréable à l’oreille alors pourquoi en faire une « autrice » dont la rime est riche, c’est un fait. Une « rapporteuse » péjoratif plutôt qu’une « rapporteure » qui rend compte des débats lors d’un colloque. Une adjudante est bien le féminin d’un grade largement attribué aux femmes aujourd’hui, forcément quelqu’un féminisera le « juteux » cher aux bidasses.
À propos de jargons : Ignorance ou paresse ? Les deux mon général. Et la francophonie là-dedans ?
Jean-Bernard Papi©
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