Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  

Sur la lettre dite des généraux.

Lundi 10 Mai 2021
Sur la lettre dite des généraux.
 
  Non la France ne se délite pas. Sur une population de 67 millions d’habitants il est impossible d’obtenir un taux zéro d’incivilité, tout au plus les limiter au plus bas. La jacquerie du moyen âge, les Apaches du 19ème siècle, les blousons noirs, les dealers et les black blocks d’aujourd’hui représentent l’écume d’une civilisation qui par ailleurs possède un nombre considérable de grands hommes dans un éventail de domaines infiniment plus vaste qu’il ne l’était au temps de Napoléon 1er. Il n’y a pas de guérilla urbaine car il n’y a pas de victimes dues à l’usage d’armes de guerre, voyous et policiers savent où se trouve la ligne rouge à ne pas franchir, pour l’instant. Rien ne permet de penser qu’il en ira autrement.
   Lancer une alerte comme l’ont fait nos officiers et sous-officiers à la retraite ne signifie rien d’autre qu’un état d’esprit critique choqué sur l’instant par des images exhibées par le monde médiatique toujours en pointe pour souffler sur les braises. Bien entendu il ne montre pas les trains qui arrivent à l’heure. Permettez- moi de vous demander à quoi servirait la restauration de la notion de patrie ? À remettre en vigueur le service national ? Impossible à grande échelle, le paysan ou l’ouvrier acceptant de passer une à deux années sous les drapeaux est une illusion passéiste germée dans la cervelle d’un « c’était bien mieux avant ». Il y a les Journées Défense et Citoyenneté pour informer les jeunes. Qu’elles soient bien faites je n’en doute pas, même si elles ne s’adressent qu’aux jeunes Français. Les armées d’aujourd’hui se sont construites différemment avec une éthique qui rejette Verdun et le Monte Cassino au temps des guerres de l’antiquité. Après les drones largement utilisés, on envisage sereinement l’usage des robots tueurs sur les champs de bataille. Ceci pour critiquer le fond de la lettre de nos retraités.
  Pour la forme vous avez eu raison de lancer votre appel au président de la République, vos voix comptent autant que celles des universitaires. Contrairement à ce que pouvait laisser croire la ministre des Armées, qui ignore totalement le statut de ses militaires, vous n’êtes pas plus punissable que le péquin moyen et c’est heureux dans un pays qui s’honore d’accorder une totale liberté de penser et de critiquer à ses citoyens. Vos voix, comme tant d’autres, témoignent du formidable bouillonnement des idées aujourd’hui, même si certaines sont pour le moins douteuses mais c’est souvent dans la confusion que les propositions nouvelles jaillissent.
  Pour ce qui est du putsch éventuel fomenté par nos généraux retraités, ceux qui étaient en Algérie lorsque s’est déclenché celui dit du « quarteron de généraux félons » affirmeront aux dames ministres un tantinet hystériques et à l’honorable Mélenchon que l’idée même qui prévalait alors n’avait rien à voir avec les opinions de nos retraités : Le but était de séparer l’Algérie d’alors de la métropole et en faire un état autonome. Quant à envisager une dictature militaire souvenez- vous des colonels Grecs, des Franco, Pétain, Pinochet, Chavez et bien d’autres comiques troupiers.
  Alors, c’est la vie de château ? pourvu que ça dure.
 
Jean-Bernard Papi ©

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