Simplet et Simplette

 
 
 
Simplet et Simplette.
 
  Qui n’est pas sidéré par le nombre de simples d’esprit -Simplet et Simplette- qui se donnent des missions de salut public ? Hier ils arrosaient de soupe à la tomate un tableau de Van Gogh, aujourd’hui un Monet à la purée de pomme de terre et demain qu’iront-ils inventer eux et leurs semblables. On les a vu sous les ordres d’orthodoxes et de radicaux de toutes obédiences, d’ONG punitives et d’associations de fantaisie… Ils furent ces moines chrétiens exaltés et fanatiques qui déchiquetèrent Hypatie, artiste, mathématicienne, philosophe et astronome en l’an 415 au prétexte qu’elle n’enseignait pas l’œuvre de Jésus Christ (personnage dont elle se foutait). Nos Simplet et Simplette sont des suiveurs comme le sont les amoureux passionnés de Trotski, d’Hitler, de Mussolini, et de tant d’autres cubains ou vénézuéliens. Ils n’ont rien à gagner mais ils suivent, aveuglément, la cervelle intoxiquée par des affirmations qu’ils jugent évidentes. Et qui ne le sont que pour eux.
  Au siècle dernier, avant le tout automobile et l’Internet, ils avaient des appétits modestes, une situation modeste à la hauteur de leurs capacités qui étaient faibles. Ils n’échangeaient pas avec le bout du monde et ne voyageaient presque pas sinon jusqu’au bourg voisin. Simplet était balayeur dans notre école, cantonnier, commis du boucher, ouvrier agricole. Simplette était téléphoniste, dame de compagnie, marchande des quatre saisons...
  Oserai-je le dire, ils avaient un QI -mesuré à l’école ou lors du service militaire- nettement inférieur à la moyenne (soit 100 pour un âge donné). Étaient-il heureux ? sans doute car ils ne connaissaient rien de plus que ce qu’ils comprenaient en écoutant la radio et ils ne s’enflammaient pas pour des berlues. L’apocalypse était du domaine de l’église.
  Poussé par le progrès Simplet et Simplette sont allés au lycée pour y obtenir un baccalauréat avec une moyenne corrigée inférieure à ce qui était exigé jadis pour obtenir le certificat d’études primaires. Le bac en poche ils se sont crus meilleurs que leurs maîtres, plus savants en tout cas car ils étaient jeunes et eux vieux. Ils allaient leur faire la leçon. Hélas ! On ne mesure plus le QI chez nos Simplet et Simplette ce serait les humilier et nuirait au principe d’égalité.
  Aujourd’hui Simplet et Simplette imposent le point de vue de l’ignorant. Ils ne savent rien, ou si peu, ne comprennent rien à rien, mais ils osent ; c’est comme ça qu’on les reconnaît, aurait dit Michel Audiard. (1)
(1) Les Tontons Flingueurs (1963)
Jean-Bernard Papi ©
 
 
 
 
 

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