Mon cher Kim.

Comme le fit Donald Trump en son temps, je suis prêt à serrer Kim Jong-un dans mes bras tant ce type me plaît. J’aime sa silhouette dodue de petit Bouddha qui va, sautillante et primesautière, parmi les militaires, les « maigres », secs et plats comme des évadés du goulag mais couverts de médailles. Et les joues de Kim ? vous avez vu ses joues : molles et lisses comme des fesses de fonctionnaire !... Les petits gros nonchalants qui vous adressent des sourires de bébé inspirent confiance et l’on est prêt à les prendre dans nos bras en jurant qu’ils ne peuvent être mauvais, c'est bien connu. 
  Est-ce pour cela qu’il suscite une véritable vénération chez les militaires et les dignitaires de son régime ? Ils ont inventé une manière particulière d’applaudir le moindre de ses propos, la plus saugrenue de ses courbettes : ils lèvent les bras très haut pour que tout le monde les voit ; c’est comme ça que l’on gagne des médailles ou pour les oublieux un séjour sur une île déserte. Pour eux c’est un dieu descendu chez les humains afin de leur montrer les chemins du ciel et les voies de la félicité sur terre. Leur regard extasié et humide ressemble assurément à celui de la petite Soubirous quand elle vit la Vierge apparaître parmi ses moutons. J’en ai même vu se jeter à l’eau tout habillé et barboter derrière le rafiot qui l’éloignait de leur dévotion, femmes et hommes confondus car tous sont touchés par sa grâce.
  Sa passion pour la ferraille guerrière est à mettre sur le compte de son penchant pour les jouets des grands hommes qui ont tant fait pour l’élimination des indisciplinés et des incapables. Ce bienfaiteur de l’humanité veut à présent compter parmi les durs de la planète et s’il bombe le torse et menace à la manière arabe – t’vas voir ta gueule à la récré- c’est pour effrayer les pusillanimes et les convertir au communisme. Car ses discours, hein ? Que voilà de la belle littérature ! des menaces, rien que des menaces assaisonnées de piment nucléaire surchoix.
  Comme il doit être agréable de vivre dans ce beau pays et suivre ce bon garçon dans ses facéties ; voyez comme les jeunes de tous les pays l’admirent, ils ont beaucoup fait pour que la coupe de cheveux « à la Kim » soit copiée sur tous les continents. Fort de mon admiration et de mon amitié je ne peux que lui conseiller une retraite dans un endroit raisonnable comme la Terre Adélie ou l’Alaska avant que sa philanthropie sans limites aille jusqu’à détruire un bout de planète au prétexte qu’un dieu a tous les droits quand le bonheur du genre humain est en jeu.
Jean-Bernard Papi ©

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