Prière au législateur.

  Je vais vous conter l’aventure ou plutôt la tragédie vécue par un vieux couple, lui 85 ans, elle 83 ans, qui finissent leurs jours dans une vieille maison dans une cité de France qui a fêté, voici plus de vingt ans, ses deux mille ans d’histoire. Donc le 24 juin de cette année à l’heure du petit déjeuner il se met à pleuvoir dans leur cuisine au rez-de-chaussée. Non ce n’est pas la baignoire à l’étage au-dessus, ni le lavabo…
  Appelons un plombier. Ce dernier, employé d’une grosse boîte, détecte un fuite dans un endroit impossible et d’un accès acrobatique. Les vieille maisons sont comme ça, multicouches d’enduits qui cachent rides et fissures. Mais même les centenaires ont droit de respirer. Attention dit l’employé on ne peut intervenir désormais qu’après un devis signé… Va pour le devis si c’est rapide. (Il va mettre une bonne quinzaine de jours à leur parvenir ; imaginez une panne sur autoroute et prévoyez vos sacs de survie). Ulcérés et après de nombreuses relances auprès de la « grosse boîte » nos personnages au bout d’une semaine cherchent un autre plombier. Après cinq ou six coups de fils vers des portables en surchauffe, un plombier se présente…
  C’est un jeune homme de bonne mine qui a créé sa petite entreprise dont il est le patron et l’ouvrier. Après avoir remplacé un tuyau la fuite persiste… Mrd ! On appelle un expert qui débarque, huit jours plus tard, avec un fourniment de valises et d’appareils propres à détecter les fuites d’eau. L’expert dans son rapport désigne le coupable un tuyau en plomb raccordé par soudure à un tuyau de cuivre, la soudure a lâché. Le tout est caché dans un endroit impossible etc.
  Depuis 2013 le plomb est interdit dans la construction par les législateurs de Bruxelles. Règlement repris par la France éternelle qui a fait du plomb l’ennemi numéro 1 du plombier.  Notre jeune patron, pendant sa scolarité n’a jamais eu de cours sur le travail de ce métal ne serait-ce que pour effectuer des dépannages en rase campagne car il existe au moins 7millions et plus de logements alimentés en interne par ce métal ductile et facile à mettre en œuvre mais couteux à remplacer. Bien plus il avance des théories sur la nocivité d’une manipulation inconsidéré de ce cousin de l’uranium. Soudure et même découpe ne peuvent se faire qu’avec un masque à gaz, des gants spéciaux et une combinaison genre tenue NBC. Bref il ne sait pas faire…
  Trouver un plombier qui sache travailler le plomb relève, en province (1) d’une difficulté aussi grande que de donner dans l’ordre les cinq premiers chevaux du Prix d’Amérique. Et pendant ce temps-là il pleut toujours dans la cuisine. Bien sûr, nos vieux coupent l’eau dans la nuit et l’ouvrent pour faire la toilette, des réserves ont été constituées dans des arrosoirs et des seaux qu’il faut monter à l’étage et déplacer selon les besoins…
  Aujourd’hui bonne nouvelle, notre jeune plombier a découvert l’oiseau rare un ancien du métier qui ne pourra se déplacer que dans une semaine. En attendant il pleut dans la cuisine…
  « Je veux un gouvernement réduit qui laisse les gens vivre leur vie » affirme sur Le Point Wesley Virdell, un représentant républicain du Texas et j’ajouterais : qui contrôle qu’une loi ne va pas générer plus d’inconvénients que lorsqu’elle n’existait pas.
Jean-Bernard Papi ©
(1) A Paris, et dans certaines grandes villes, on trouve une compagnie de plombiers (des héros) qui interviennent sur le plomb pour un coût entre 100 et 200 euros (source Internet). Heureux Parisiens. 
 

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