Fable ?
Permettez- moi cette petite fable : Il était une fois un roi d’une contrée lointaine qui disposait d’un harem où s’empâtaient d’ennuie de jeunes et jolies femmes. Ce roi égalitaire prétendaient que toutes étaient ses favorites et que par conséquent aucune ne pouvait prétendre à être reine. Leurs enfants, nombreux, étaient par conséquent tous de petits princes ou de petites princesses en parfaite égalité. "Vous êtes l’élite leur serinait-on, vous êtes destinées à accomplir de grandes choses". "Par exemple sauver la planète ?" demandaient quelques impertinents. "Oh yeah, à sauver le monde et la planète", répondait la cour.
Le roi vint à mourir. Qui allait le remplacer ? Une bonne centaine de ses fils et filles y prétendaient et les arguments -catéchisme, spectacle et menaces- de chacun et chacune, furent le jour même présentés de manière courtoise lors d’une AG dans l’amphithéâtre du palais. Au bout de deux jours survint la première querelle puis vint la guerre et l’on s’assassina derrière les portes, dans les alcôves ou dans les jardins fleurant bon la rose. Au bout d’un mois le palais fut incendié par le dernier des prétendants encore vivant mais bien amoché, lequel oublia même de s’enfuir. Moralité : Avant d’arborer les plumes de l’aigle il convient d’abord de sortir de l’œuf. (1)
La France, comme notre roi défunt, possède de multiples enfants dont chacun prétend faire partie de l’élite en raison patente de ses diplômes et de ses prises de positions politiques hardies. Ou encore à s’estimer plus bouffis d’expériences qu’un maudit bourgeois centenaire. Leurs diplômes sont cette cape dans laquelle s’enveloppait Matamore -lequel (2) affirmait que « le seul bruit de son nom renversait des murailles » mais dont chacun sait qu’il ne brillait ni par son courage ni par son esprit. Voilà donc notre future élite, peaufinée par nos universités et nos grandes écoles, bien persuadée qu’elle fait partie des meilleures et que la place du chef lui revient d’autorité.
Mais trop nombreux pour l’étroitesse du sentier qui mène aux sommets, nos élites, eux aussi, se querellent, se compromettent, se battre ou se replient. Nombre d’entre elles finissent par se noyer dans la multitude avec les pensées désabusées d’avoir loupé leur vie, que leurs peaux d’âne ne servent à rien et qu’on les a trompées. Que d’aigris et de cerveaux rabougris ainsi formés à l’issue d’un gaspillage de pédagogues et d’infrastructures scolaires alors que l’on manque de bouchers, de balayeurs, de laveurs de vaisselle, d’employés du gaz, et même tout bêtement d’honnête hommes pour remuer la terre, tailler des haies, remplir des bassines ou mener les ânes au pré. Et que d’économies.
Les Etats Unis horrifiés d’avoir fabriqué dans leurs universités de futures élites qui ne rêvent que de détruire leur civilisation commencent à sévir et à serrer la vis au niveau de la sélection : Faisons mieux avec moins et écartons les incultes, proposent-ils... Et chez nous ?
Jean-Bernard Papi ©
(1) attribué à Caliméro ?
(2) Dans « L’Illusion comique » de Pierre Corneille vers 1635
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