Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète

                                                La littérature est un art de combat.  
 
                                   
Les provinciales.                                                                              



                                            L'institutrice (suite 3)






     Il ne se retira pas au contraire, raide comme un pieu, il poussa encore vers l'avant quitte à défoncer cette salope jusqu'à la matrice. Elle ne fut pas longue à jouir à son tour et le fit à longs cris, moitiés pleurnichards moitiés triomphants. Il sortit sa queue et chercha l'anus un peu au-dessous. Non, cria-t-elle pas ça ! Il poussa pourtant, un peu au hasard. Il ne voyait rien et chercha, sans cesser ses efforts, la lampe la plus proche. Une fois allumée, il cracha dans sa main et se frotta le gland. Elle avait fermé les yeux et attendait, résignée. Il fit un aller retour dans le vagin et se remit en position. Cette fois, il y voyait assez pour s'engager sans problème. Il s'enfonça alors comme un train entre en gare, victorieux et sans bavure. Elle poussait de petits cris excitants autant de plaisirs que de douleur, et il trouva suffisamment de réserve pour gicler encore après s'être profondément, et confortablement calé, les testicules cognant contre le coussin du fauteuil.

    Lorsqu'il sortit d'elle, Bernadette le regarda comme s'il venait d'accomplir un exploit. Ils continuèrent ensuite d'examiner la bande vidéo mais en sautant les passages les plus crus. Ce qu'il voulait, c'est qu'elle identifie les petits copains de Céline. Bernadette était née dans la ville et y avait toujours vécue et elle reconnut nombre de partenaires. C'étaient, comme prévu, d'anciens élèves de l'école pour la plupart. Certains aujourd’hui poursuivaient encore leurs études, d'autres travaillaient, avaient quitté la ville, étaient mariés. Il nota tout cela sur son agenda.
    Elle identifia aussi Yann. Tout jeune, il avait été le plus mauvais de ses élèves, l'injuriant dans son dos, lui faisant des grimaces, voleur et menteur, il avait l'étoffe exacte du voyou sans scrupule. Au lycée, cela ne s'était pas arrangé et il s'était fait jeter dehors en terminale pour des vols répétés d'argent, de scooters, de vélos... Tout le monde savait qu'il se droguait et qu'il volait pour se payer l'héroïne dont il avait besoin. Mais ce n'était pas une épave, en tout cas pas encore. On pouvait le trouver à n'importe quelle heure dans l'un des bars de la plage ou dans un bar-restaurant pour homosexuels sur la corniche, le Sagittaire.
    Il reprit les cassettes et embrassa Bernadette qui le remercia en pleurant presque dans ses bras. Elle lui fit promettre de revenir, mais le désir étant balayé, il bredouilla une phrase indistincte et la laissa plantée sur le palier de son immeuble en chemise de nuit, penchée au-dessus de la rampe d'escalier. Il se coucha dans sa chambre d'enfant et s'endormit aussitôt.

    Le lendemain matin il avait fait les trois lots qu'il avait prévu de faire. Il passa quelques coups de téléphone pour inviter trois ou quatre brocanteurs à venir proposer leurs services. Les rendez-vous étant pris il décida de passer à la banque pour examiner et clore les comptes de sa mère. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que non seulement elle ne possédait aucun argent mais qu'elle avait emprunté 20 000 euros pour faire des réparations chez elle, soi-disant. De retour dans l’appartement il fouilla dans les meubles pour tenter de découvrir un compte caché, un lingot d'or pourquoi pas, enfin des économies, des bijoux, des pièces. Rien. Céline ne pouvait avoir exercée son métier pendant vingt cinq ans sans avoir mis un peu d'argent de côté, c'était impossible.
    Le banquier, une voix de femme, le rappela dans l'après-midi. Céline avait eu des économies substantielle jusqu'à il y a trois ans. À cette date elle avait commencé à dépenser des sommes de plus en plus importantes, jusqu'à emprunter régulièrement à la banque... Il téléphona au médecin qui la soignait, elle n'était pas malade et ne se droguait pas non plus.
    Il commença à soupçonner le dénommé Yann d'être pour quelque chose dans le train de vie de Céline. Il fit tous les bars de la corniche sans le rencontrer, partout on lui répondait que cela faisait un certain temps qu'il n'était pas apparu. Au Sagittaire, il dut supporter les regards de la clientèle mais bravement s'installa pour déjeuner. Il demanda après Yann et un homme vint s'asseoir à sa table. Yann avait des ennuis, il avait disparu de la ville depuis une semaine. Il avait voulu vendre une cassette porno mais n'avait réussi qu'à se faire repérer un peu plus par la police.
    Peter montra une photo de Céline. Elle était venue plusieurs fois au Sagittaire en compagnie de Yann. La dernière fois ils s'étaient violemment disputés et elle l'avait menacé, puis elle avait fondu en larme et un client l'avait ramenée chez elle. L'homme disait ne pas en savoir plus.
    Il revint dans l'appartement, morose et dégoûté. Demain,  une fois les meubles vendus et les dettes payées, il ne lui restera plus rien. Même l'appartement ne valait rien, il était si hypothéqué qu'une fois liquidé il lui restera à peine de quoi fleurir la tombe de sa mère. En consultant son portable il découvrit que la police nationale avait cherché à le joindre dans l'après-midi, il devait rappeler un numéro, celui d’un inspecteur.
    - Nous avons arrêté un certain Yann Moro pour vols et escroquerie. L'inspecteur s'éclaircit la voix. Il a avoué en outre avoir organisé l'accident qui a entraîné la mort de votre mère... et il en était fier le salopard. Il lui devait de fortes sommes. Je fus un de ses élèves naguère et je l’ai toujours vénérée, elle m’a aidé et je lui dois beaucoup. Nous tenons à votre disposition une cassette vidéo euh, qu'il a essayé de vendre à Bordeaux, c'est comme ça qu'il s'est fait coincer. On y voit votre mère, n'est-ce pas, avec des...
    - Je ne tiens pas à le savoir, gronda Peter. Merci. Demain je quitte la ville au plus tôt et définitivement. Faites-la porter à Bernadette Lucas de ma part, elle la détruira.

Jean-Bernard Papi ©