Jean-Bernard Papi, romancier, essayiste, nouvelliste et poète
La littérature est un art de combat.
Poèmes sans moi.
En novembre ma ville.
J'aime en novembre le déclic du ciel mauve l'heure où les carillons s'emportent à sonner peinture J-J Millet : Usine le repos paysan comme le lâcher des fauves, quand les femmes de peine commencent leur journée.
C'est l'instant où flamboient banques et boutiques où rêvent les piétons sous l'arc des néons où s'allument les platanes d'une flamme électrique où gronde plus encore le moteur des camions.
Une odeur de ferraille flotte sur le bitume la ville toute entière geint comme une machine poussée à la surchauffe et l'on croirait qu'elle fume quand s'engouffre dans ses rues le peuple des usines.
La foule ménagère sur les trottoirs se presse et achète sans goûter une pitance absurde à réchauffer rapide, à consommer express. Il n'est guère que les vieux que tout cela perturbe.
Il faut les observer quand traversant les rues ils font de petits bonds, des esquives ridicules et trottent sous les injures des chauffeurs malotrus. Plus tard ils sortiront, silhouettes somnambules
qui se cachent sous les arbres pour faire pisser le chien petits pierrots frileux piétinant sous la lune quand la ville s'endort, au lit les galériens, ils cognent sur Médor pour calmer leur rancune.
Que l'harmattan nous tienne enfermés plus longtemps sous la tente ! Ecoute le bois craquer et la feuille se fendre.
Je connais une source venue des origines dont il faudra un jour apprendre le langage... Il est des mots sacrés que le désert seul est à même de dire... Et quand cesse le vent le livre tombe des mains et nos corps sur l'instant s'approchent et s'étonnent Sur les hauts ergs blonds où la roche festonne, la lumière est nue, soudaine, puis se met à danser...
"Le ciel est par-dessus le toit..." Le ci... et le ... par-dessus le... Regarde plutôt à tes pieds. As-tu enfin compris la vanité des choses !
Ces richesses tu le sais n'ont de valeurs que celles que tu leur attribues !
Par ce soupirail, vois, sur la ligne du temps s'éloigner une voile... Entends se lamenter, comme le fit Verlaine, un poète amoureux qui n'a ni sous ni laine
Jette le superflu et donne l'essentiel Partage tes secrets et confie moi ton âme je voudrais tant t'aider à mériter ton ciel qui est, ici, toujours : si bleu si calme...."
née du sang mais blanche comme l'écume tu es la longue bataille et la divine chute le combat bouche à bouche et le tendre bourreau le couteau et l'épée Hans Holbein la cape, le bouclier la quête et l'exigence, le oui du renoncement la poutre et sa paille l'aigre et le sucré le lent et l'électrique le noir et puis le blanc l'échiquier et le mat Tous les pouvoirs enfin et l'eau lustrale du dernier matin Le baiser continu qui jamais ne s'éteint.